Le baptême chrétien est un rite fondateur qui marque symboliquement la purification du péché originel et l’entrée dans la communauté des croyants.
Mais derrière ce sacrement, se cache une transmission de croyances qui a profondément influencé notre vision du monde et notre rapport au bien et au mal.
Lors de la cérémonie, les parents, parrains et marraines doivent renoncer à Satan et à ses œuvres, affirmant ainsi l’existence d’un mal extérieur, personnifié, contre lequel il faut lutter.
Ce serment/sacrement inscrit immédiatement l’enfant dans une vision binaire de l’existence, où il devient soit un fidèle de Dieu, soit une proie du mal. Il doit rejeter certaines parts de lui-même pour être accepté dans la "lumière divine"...
Or, cette conception n’a pas toujours existé. Avant l’arrivée du christianisme, notamment dans les traditions celtiques, il n’y avait ni diable, ni enfer, ni péché au sens où nous l’entendons aujourd’hui.
Les Celtes et l’Ancienne Vision du Monde
Les Celtes avaient une relation au sacré bien différente :
🔹 Pas d’Enfer, mais un Autre Monde : Ils croyaient à une continuité de l’âme après la mort, non à une punition éternelle. L’Autre Monde était un lieu de transformation et de passage, et non de souffrance.
🔹 Pas de diable, mais des forces naturelles : Les Celtes ne percevaient pas le monde en termes de bien et de mal absolus. Il existait des forces primordiales, des esprits et des êtres qui pouvaient être bénéfiques ou redoutables selon la manière dont on interagissait avec eux.
🔹 Le mal comme déséquilibre, non comme faute morale : Pour les Celtes, les catastrophes, les injustices ou les épreuves n’étaient pas causées par un démon ou une punition divine. Elles résultaient d’un déséquilibre dans l’ordre naturel : un roi injuste pouvait provoquer une sécheresse, un individu irrespectueux envers les forces de la nature pouvait attirer le chaos sur lui.
🔹 L’humain comme médiateur entre Terre et Ciel : Contrairement au baptême chrétien qui "coupe" l’homme du monde terrestre en lui faisant affirmer que "sa demeure est au ciel", les Celtes considéraient que leur mission était d’harmoniser leur relation entre le monde matériel et le monde spirituel, et non de renier l’un au profit de l’autre.
Pourquoi le Baptême a-t-il Imposé cette Vision Binaire ?
Avec la christianisation des peuples celtes, il fallait éradiquer ces croyances anciennes, ancrées dans l’équilibre et le respect des cycles naturels. Le baptême a donc joué un rôle stratégique :
🔹 Remplacer la connexion avec la nature par une obéissance à Dieu : En imposant un renoncement au "mal", il interdisait toute interaction avec les anciennes divinités, les esprits de la nature et les traditions druidiques.
🔹 Transformer l’équilibre en combat : Là où les Celtes cherchaient l’harmonie avec les forces naturelles, le christianisme a imposé un conflit entre le bien et le mal. Le monde spirituel n’était plus un univers fluide et interactif, mais une bataille permanente entre Dieu et Satan.
🔹 Créer une dépendance spirituelle : Dans l’ancienne tradition, l’humain pouvait entrer en relation directe avec le sacré à travers les rituels, la nature et la connaissance des cycles. Avec le baptême, il devient un être marqué par le péché, ayant besoin de l’Église pour accéder à Dieu, coupé de son pouvoir personnel.
Avec la christianisation des terres celtiques, ces croyances ont été progressivement remplacées par la vision chrétienne du bien et du mal :
🔹 Les esprits de la nature et les dieux païens ont été assimilés aux démons (ex. Cernunnos, dieu cornu de la nature, a été rapproché du diable).
🔹 L’Autre Monde a été dépeint comme un enfer trompeur où les âmes risquaient de se perdre.
🔹 Les anciens rites druidiques ont été qualifiés de "sorcellerie", instaurant une peur du paganisme.
Cette diabolisation a servi à éradiquer une spiritualité basée sur le lien avec la nature et les cycles, pour imposer un système binaire de bien/mal.
Se Libérer de cette Programmation
Aujourd’hui encore, cette vision du monde continue d’influencer nos schémas inconscients :
Sommes-nous encore en train de lutter contre un "mal extérieur" qui n’existe peut-être pas ?
Avons-nous peur de notre propre pouvoir parce qu’on nous a appris à rejeter ce qui est "hors du cadre" ?
Avons-nous intégré la croyance que nous devons être sauvés, plutôt que de nous réapproprier notre souveraineté spirituelle ?
Un chemin de libération consiste à réintégrer ces parts oubliées, à sortir de la dualité imposée et à renouer avec une spiritualité vivante, fluide et alignée avec notre essence profonde.
Se Réapproprier une Vision Plus Équilibrée
Aujourd’hui, redécouvrir la spiritualité celtique - par exemple - permet de se libérer de la peur du "péché" et du "mal absolu" en revenant à une compréhension plus fluide des énergies :
Et si le "mal" n’était pas une force extérieure, mais un déséquilibre intérieur à harmoniser ?
Et si la peur du châtiment éternel nous avait coupés de la vraie nature de notre âme ?
Et si reconnecter avec les cycles anciens nous permettait de retrouver un chemin plus aligné avec notre essence ?
Il ne s’agit pas de rejeter en bloc ces croyances chrétiennes, mais de les conscientiser et de choisir ce qui nous élève véritablement.
Quelques pistes de réflexion :
🔹 Ai-je peur d’explorer certaines parts de moi par crainte d’être dans l’erreur ou "du mauvais côté" ?
🔹 Ai-je tendance à voir la vie comme une lutte entre bien et mal, ou puis-je envisager une approche plus fluide ?
🔹 Comment puis-je me reconnecter à une spiritualité qui respecte à la fois mon libre arbitre et mon lien au sacré ?
En intégrant le meilleur de ces héritages tout en dépassant les limitations imposées, nous pouvons retrouver une spiritualité vivante, libérée du dogme, et profondément alignée avec notre essence.
Au delà de ces réflexions je peux tout de même voir et sentir le caractère sacré de ce rite avec les eaux primordiales, matricielles, symbole de vie - mort - renaissance - purification et l'entrée dans une communauté spirituelle tournée vers l'amour et la lumière.
J'ai énormément de respect pour la religion catholique : j'ai été baptisée et ai suivi un parcours au delà de la profession de foi. Cela m'a beaucoup porté dans ma vie.
Il n'est pas question ici pour moi de rejeter en bloc la religion, ses rites etc mais de questionner, se réapproprier, sortir de certaines croyances limitantes.
Aujourd'hui ma vision personnelle englobe et accueille toutes ces héritages comme étant complémentaires ♥
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